Mr Péclet des Rousses a écrit un grand nombre d'articles sur la commune des Rousses car il y a été maire puis conseiller général du canton de Morez


.Marie Thérèse Chauvin a retranscrit un certain nombre de ces articles que nous avons regroupé en 1 volume

 qui concerne la période des guerres du Premier Empire et des textes concernant le Jura

 

Merci à elle pour ce travail

Bulletins PECLET

Année 1903

L’armée de réserve traverse le Jura .(1800) ………………………………….n°6 et 7

Bonaparte 1er consul passe à Morez et aux Rousses ………………………… n°8

Le « Denuit » de Bonaparte …………………………………………………....n°10

Vallée des Rousses au congrès de Vienne 1815 ……………………………….n°13

 

Année 1907

Invasion de 1814 …………………………………………………………………………….n°33

Invasion de 1814 (suite) ……………………………………………………………………..n°34

Invasion de 1815 …………………………………………………………………………….n°34

Invasion de 1815 (rapport du général Lecourbe) …………………………………………….n°35

Invasion de 1815 (combat des Rousses) Dommages et dégâts ……………………………...n°36

Attaque des Rousses et de la Faucille par l’armée autrichienne (2juillet 1815)

( bulletin du quartier général autrichien) ……………………….n°37

Combat des Rousses (Rapport officiel du général autrichien Folseis) ………………………n°37

Combat des Rousses 1815 (suite) …………………………………………………………… n°38

Attaque et enlèvement de la Faucille par les Autrichiens (1815) …………………………….n°38

Combat des Rousses (par Mr Lucien Bonnefoy) à suivre ……………………………………n°38

Combat des Rousses (par Mr Lucien Bonnefoy) suite…..……………………………………n°39

Combat des Rousses (par Mr Lucien Bonnefoy) fin……. ……………………………………n°40

Troupes suisses occupant les Rousses (1815) ………………………………………………… n°41

Passage aux Rousses de Laetitia Bonaparte mère de Napoléon 1er

du cardinal Fesch et du prince de Metternich …………………… .n°41

Inventaire des maisons des Rousses incendiées par les Autrichiens (1815…………………..n°41

Inventaire des maisons des Rousses incendiées par les Autrichiens (1815…………………..n°42

Incidents de l’invasion de 1815 ………………………………………………………………..n°43

Incidents de l’invasion de 1815 (suite)…………………………………………………………n°44

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

26 Avril 1903 N°6

3 Mai 1903 N°7

Les Rousses

historique et descriptif

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sommaire : L’armée de Réserve traverse le Jura. (1800)

 

La campagne de 1799 avait été malheureuse pour nos armes. L’armée d’Allemagne avait été repoussée vers le Rhin, et l’armée d’Italie acculée aux Alpes.

Bonaparte venait de renverser le Directoire et de se faire élire Premier Consul.

Il chargea Masséna, qui s’était illustré à Zürich en battant les Autrichiens et les Russes, de tenir tête à Mélas vers les Alpes et les Apennins.

Il donna à Moreau le commandement de l’armée d’Allemagne. La mission de Moreau était de chasser du Haut-Danube les Autrichiens commandé par Kray, de le poursuivre jusqu’à Ulm et Ratisbonne, de les éloigner des Alpes, et d’empêcher ainsi Kray de prêter la main à Mélas.

Le plan de la coalition était de réduire d’abord l’armée de Masséna, de forcer la ligne du Var, de s’emparer de Toulon et d’envahir le Midi de la France. La coalition espérait que le Premier Consul dégarnirait le Rhin pour secourir le Var, que de Kray pourrait alors battre Moreau et se porter vers la Lorraine et la Champagne.

Afin de secourir la faible armée de Masséna sans entamer les forces de Moreau, Bonaparte constitua une armée dite de Réserve, dont l’ennemi devait ignorer la destination et même l’existence.

L’idée à laquelle s’était arrêté le Premier Consul était simple mais d’une réalisation difficile: Kray une fois éloigné de Mélas, fondre sur le dos de celui-ci, du haut des Alpes suisses, et l’écraser entre l’armée de Réserve et l’armée de Masséna.

L’armée de Réserve fut constituée par les troupes que la pacification de la Vendée et de la Normandie rendait disponible par des demi-brigades puisées dans les garnisons du Nord et du Midi et par des conscrits.

Les régiments qui venaient de l’Ouest et du Nord avaient été répartis, durant le mois d’Avril 1800, dans diverses localités de Bourgogne.

Ils devaient rejoindre, vers Genève, ceux qu’envoyait le Midi.

Berthier reçut le commandement nominal de la nouvelle armée.

Bonaparte, le chef réel (1) en dirigeait, de Paris, la concentration et le ravitaillement. Il ne quitta Paris que le 6 Mai, lorsque les 40 000 hommes de l’armée de secours furent transportés sur les bords du lac de Genève.

A la date du 6 floréal an 8 (26 avril 1800), Berthier écrivait au Général Dupont, chef d’état-major de l’armée:

Dijon, le 6 floréal en 8 (20 avril 1800)

« Vous donnerez les ordres ci-après :

«  Ordre à la 9e demi-brigade d’infanterie légère de partir demain 7 de Poligny pour se rendre à Nyon, sur le lac de Genève, où elle attendra de nouveaux ordres.

« Ordre à la 59e demi-brigade de bataille de partir demain 7 de Mirebeau pour se rendre à Nyon. Elle recevra son artillerie à son arrivée dans cette ville.

« Ordre à la 43e demi-brigade de bataille de partir demain 7 d’Is-sur-Tille, pour se rendre à Genève, en passant par Dijon, elle prendra 8 pièces d’artillerie de la division Chambarlhac.

« Ordre à la 96e demi-brigade de bataille de partir de Dijon le 9 pour se rendre à Genève. L’artillerie de la garde des Consuls et les grenadiers à pied et à cheval marcheront avec cette dernière brigade.

« Ordre au général Watrin de porter son quartier général à Lausanne et d’occuper avec la division, Lausanne, Vevey, Villeneuve et St Maurice.

« Ordre à la 17e demi-brigade d’infanterie légère de se rendre à Dijon, où elle sera rendu le 8 pour faire le service dans cette place.

« Ordre à la 58e demi-brigade de bataille de partir de Langres le 8 pour se rendre à Pontarlier où elle recevra de nouveaux ordres.

« Ordre à la 60e demi-brigade de partir le 9 de Langres pour se rendre également à Pontarlier ; cette demi-brigade trouvera à son arrivée à Pontarlier 4 pièces d’artillerie et 3

caissons de cartouches de la division Chambarlhac.

« Donnez tous les ordres subséquents aux différents généraux et à l’ordonnateur en chef pour tout ce qui regarde l’administration, vivres, hôpitaux …..etc

Alex Berthier

 

(1)La constitution de la VIII interdisait au Premier Consul de prendre le commandement d’une armée

 

 

Quelques changements furent apportés à l’ordre de marche établi par Berthier.

La plus part des détachements suivirent l’itinéraire : Lons-le-Saunier, Clairvaux, St Lupicin, St Claude, Haut-Crêt, la Faucille, Gex, Genève.

La 22e demi-brigade (1835 hommes) arrivaient à St Claude le 27 avril (1)

La 40e (1830 hommes) le 29

La 24e légère (2716 hommes) le 5 mai

La 96e (2512 hommes) le 6 mai

La Garde des Consuls (grenadiers à pied, grenadiers à cheval, artillerie à cheval, (en tout 911 hommes) le 19 mai

La 9e légère (2542 hommes) passait aux Rousses le 30 avril

La 58e (2400 hommes) et la 60e (2101 hommes) qui, d’après l’ordre de route, devaient être dirigées vers Lausanne par Pontarlier, avaient reçu contrordre et passaient aux Rousses le 7 mai.

Les 12e et 21e hussards arrivaient à Lausanne par Mont-sous-Vaudrey, Pontarlier et Orbe.

Le 11e hussards, le 2e chasseurs à cheval, les 2e et 3e de cavalerie (dragons) suivaient la route de Lons-le-Saunier, St Claude (19 mai), la Faucille et Genève.

Le reste de la cavalerie (Général Murat) se dirigeait sur Genève par Bourg.

Vers le 15 mai, les 70e (2325 hommes) et 72e (1900 hommes) franchissaient également le Jura et arrivaient à Nyon.

Le Premier Consul, parti de Paris le 6 mai au matin, passait aux Rousses et au col de St Cergues le 8.

Le 20, il traversait le col du St Bernard à la suite de l’armée.

Le 14 juin, les Autrichiens essuyaient à Marengo une défaite cruelle qui les obligeait à demander la paix. (2)

  1. Campagne de l’Armée de Réserve en 1800, par le capitaine de Cugnac

  2. Cette campagne heureuse mettait un terme aux guerres que les rois coalisés avaient imposés à la Révolution.

Quelques années plus tard, Napoléon allai inaugurer son système de guerres d’agression et de conquêtes qui aboutissait, en 1815, à la ruine et au démembrement de la France, au retour des Bourbons et aux vengeances de la contre-Révolution.

 

 

10 Mai 1903 N°8

Les Rousses

historique et descriptif

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sommaire : Bonaparte 1er consul passe à Morez et aux Rousses

(lettre d'Emmanuel Jobez à Auguste Gaby, officier invalide)

"Morez, le 24 floréal an 8 (14 mai)

Avant de répondre à ta lettre du 16 courant, je dois t'apprendre, mon cher Gaby, que Bonaparte a passé ici le 18 floréal (8mai). On n'en était instruit que quelques instants avant son arrivée. Il était neuf heures du soir. Par un mouvement spontané, toutes les maisons ont été illuminées. Les habitants en foule sont allés au-devant de lui, et ont environné sa voiture. Il devait passer sans s'arrêter; mais nous nous sommes tous écriés : Bonaparte! Montrez-vous aux bons habitants du Jura. Aussitôt il a paru à la portière en inclinant la tête pour nous montrer combien il était sensible aux témoignages de notre bienveillance et de notre admiration. En le voyant nous répétions sans cesse Est-ce bien lui ? Bonaparte est-ce bien vous ? Et par un nouveau signe de tête et un sourire de satisfaction, il nous le confirma. Vous nous donnez la paix? Oui, oui répondait-il d'une voix faible et altérée. Il a eu la complaisance de faire arrêter sa voiture ainsi plus d'une demi-heure et de rester constamment à la portière. Il avait l'air content; le sourire était toujours sur ses lèvres, son visage était épanoui; mais sa grande pâleur et les traces de fatigue et de travail imprimés sur son front, nous pénétraient d'attendrissement et tous les yeux étaient humides de larmes. Il est parti accompagné de nos vœux pour sa conservation et pour sa gloire. . . .

J'ai entendu du dire à un conscrit qui était à mes côtés : Je suis à cent cinquante lieues de mon pays, c'est par force que je suis parti mais à présent que je vois Bonaparte, notre libérateur, je vais à l'armée avec joie, et je ne crains plus de mourir.

Ce qui n'est pas moins admirable dans Bonaparte que son génie, c'est sa sécurité qu'il montre, ayant quelques ennemis. Croirais-tu qu'il n'était accompagné que de quatre ou cinq personnes et qu'il a ainsi traversé de nuit les sauvages solitudes du Jura. Avant d'arriver à Morez, il est descendu de voiture dans le village de Morbier, qui, comme tu sais, et au-dessus de la montagne. Des habitants du pays, informés que c'était Bonaparte, ou du moins le soupçonnant, l'ont abordé comme il marchait, et se sont mis à causer familièrement avec lui. Il leur répondait avec simplicité, s'informait de tout ce qui est relatif à nos montagnes. Il se faisait détailler toutes les branches d'industrie qui y sont en activité. C'est ainsi que seul au milieu d'un groupe nombreux, il est venu jusqu'aux premières maisons de Morez;

Lorsqu'il a vu que tout était illuminé, il a paru surpris et a dit en riant: Ha! ha! C’est assez drôle ceci ! et il est remonté sur le champ en voiture.

Depuis environ une dizaine de jours tout est en mouvement sur cette frontière, il a passé près de 15000 hommes ici, et quantité de généraux. Tous les jours et dans tous les moments du jour, des trains d'artillerie traversent en poste notre commune.

On travaille avec une activité étonnante à organiser l'armée qui doit entrer en Italie, et tout porte à croire qu'on va porter les coups les plus décisifs qui nous amèneront la paix".

"Ainsi soit-il."

Emmanuel Jobez

Bonaparte (accompagné de son secrétaire Bourrienne et du Grand Maréchal Duroc) passait aux Rousses vers 10 heures 1/2.

Il se restaurait chez l'aubergiste et maître de poste Pierre Joseph Lizon (1) et arrivait à Genève (par St Cergues et Nyon) le lendemain 9 à 3 heures du matin (2)

(1) aujourd'hui café Edouard Jeannin

(2) manuscrit de Dunant et de Bourdillon (bibliothèque de Genève)

 

 

24 Mai 1903 N°10

Les Rousses

historique et descriptif

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sommaire : Le ‘’denuit’’ de Bonaparte

 

 

Nous avons reçu la lettre suivante :

 

Les Rousses-en-Bas, le 16 Mai 1903

 

Monsieur,

« J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le du passage de Bonaparte à Morez et aux Rousses.

« Ma belle-mère, Jeanne Séraphine Lizon était la fille de Pierre Joseph Lizon qui tenait l’auberge où le Premier Consul s’est restauré en passant aux Rousses. Elle m’a souvent raconté que son père avait vu, dans le caisson de la voiture, le p…de…ch….du grand homme. Ce p….de….ch….était en or, ou du moins paraissait en or. »

Agréez…….

 

Julien Jacquemin-Verguet

 

 

 

 

 

18 Août 1907 N°33

25Août 1907 N°34

Les Rousses

historique et descriptif

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Sommaire : L'invasion de 1814

Voici quelques notes laissées par Prosper Amable Midol, concernant le passage des Autrichiens aux Rousses.

"Le 1er janvier 1814, à 3heures de relevée, 3 hussards autrichiens sont passés aux Rousses, allant à Morez, faire préparer les logements pour 150 hommes formant l'avant-garde du corps d'armée.

" Les 150 hommes sont passés à 7 h 1/2 du soir, sans s'arrêter, par un beau clair de lune.

" Le lendemain est passé un corps d'armée qu'on porte à 5000 ou 6000 hommes, avec 6 pièces d'artillerie, beaucoup de trains, qui sont allé loger à Morez, à St Laurent, à Morbier; le soldat s'est logé militairement. Les habitants jusqu'au Marais s'étaient enfuis.

"Les autrichiens ont dévasté plusieurs maisons.

" Ce même jour, le fort de l'Ecluse s'est rendu à la colonne d'Autrichiens qui a passé de ce côté là.

" Le 4, il est passé un train considérable d'artillerie et de munitions, l'Etat-major ayant pour général en chef le comte Bubna.

"Le 8, les Autrichiens ont conduit à Genève, où était le quartier général, trois voitures de poudre et une de fusils pris à Poligny.

" Le 24, il est passé quelques dragons.

" Le 28 février, les Français, venus du côté de Lyon ont battu et chassé les Autrichiens de Lons-le-Saunier.

" Il est passé ici un petit détachement d'infanterie autrichienne, le 2 février."

.................................................................................................................

Voici un état de fournitures faites pendant le mois de janvier 1814, par la commune des Rousses, aux troupes autrichiennes (1)

Nourriture de 1200 chevaux à 4fr l'un .....................................................................4080 "

Fourni de la paille pour litière .....................................................................................510 "

Nourriture de 1260 hussards et fantassins, à 4,50 .....................................................5670 "

Nourriture de 34 officiers à 7fr l'un .............................................................................238 "

" " de 2 colonels à 10fr ................................................................................... 20 "

" " de 15 personnes attachées à l'Etat-major, à 6fr .........................................90 "

Rafraichissements pour 5 personnes tant ingénieurs, géographes

que chirurgiens ...............................................................................................25 "

Nourriture de 56 bœufs à 1fr25 ....................................................................................70 "

Fourni de la paille pour litière d'iceux ............................................................................35 "

Nourriture de 12 officiers et soldats qui accompagnaient les dits boeufs, à 4fr50...... 54 "

80 chevaux requis pour conduire les soldats et équipages militaires

à Morez, St Laurent et Champagnole ............................................................480 "

Dépense des conducteurs desdits chevaux, à 3fr l'un ..................................................240 "

Dégâts commis comme orge, avoine et foin emportés, gâtés et perdus .....................600 "

Rafraichissement des chevaux qui conduisaient de la poudre à Genève........................8 "

 

(1) Archives communales

...........................................................................................................................................................

Au commencement de Mars 1814, nos troupes, sous les ordres des généraux Musnier et Ordonneau tentèrent un mouvement sur Genève, quartier-général de Bubna.

Le 1er mars, ordre fut donné au maire Claude Ambroise Bonnefoy de faire déblayer les neiges sur la route de St Cergues. On sait qu'à cette époque la frontière reliait les sommets de la Dôle et du Noirmont et passait près de la Givrine.

Le corps chargé d'opérer le mouvement se composait d'environ 6000 hommes.

Le général Musnier s'arrêta à Morez avec 4500 fantassins et cavaliers.

Le général Ordonneau continua à la tête de 1650 hommes. Le 2 mars, à 1heure de l'après-midi, il arrivait aux Rousses où il laissait 1500 hommes, 82 chevaux et 2 pièces d'artillerie. Il poursuivait immédiatement jusqu'à St Cergues avec 150 voltigeurs. Le lendemain, arrivait aux généraux Musnier et Ordonneau, l'ordre de se replier sur Poligny. Nos soldats quittèrent les Rousses vers 1 heure de l'après-midi.

Ce même jour, les Autrichiens, venus de Genève, arrivaient à St Cergues.

Voici un état de fournitures faites aux troupes françaises par la commune des Rousses au mois de mars 1814.

2 mars, logé un officier et 7 soldats................................41,50 "

Rafraichissements à 150 voltigeurs à l'aller et au retour ............................................62 "

Logé 1500 militaires jusqu'au lendemain .......................................................... ....6750 ‘’

Nourri 20 chevaux de réquisition tant de Morez que de Bois d'Amont qui avaient couplé l'artillerie ........20 "

Nourri 58 chevaux d'officiers et canonniers .................................................................203 "

Fourni 58 chevaux requis tant que pour St Cergues que pour Morez……………...........203 "

Fourni 30 chevaux descendus à Morez pour monter l'artillerie ………………………….....105 "

3 et 4 mars, 70 chevaux requis par les généraux Musnier et Ordonneau pour

conduire l'artillerie, les bagages, les malades à St Laurent, à la Chaux du Dombief..490"

Les 10, 11 et 12 mars passèrent quelques détachements de hussards, dragons et cuirassiers autrichiens.

Le 10 avaient passé 24 dragons et 35 fantassins qui gagnèrent St Claude par Morez et Longchaumois.

................................................................................................................................

Nous avons dit que le 1er mars des ouvriers étaient occupés à déblayer les neiges pour faciliter le passage de nos troupes. Deux de ces ouvriers Joseph Alexis Bonnefoy-à-l'Anne, dit le Potron et Tissot, préposé des douanes, déblayaient à environ 900 mètres du hameau de la Cure, à l'endroit appelé le Quart Jean. Ils virent arriver un officier autrichien dans un traîneau conduit par un habitant de St Cergues. Ils arrêtèrent l'officier. Le maire Bonnefoy fit conduire l'autrichien à Morez, devant le général Musnier, logé chez M. Perrad.

Le 13, le maire des Rousses reçut du général Bubna l'ordre de lui livrer les deux individus qui avaient arrêté l'estafette, sous peine de voir les maisons de la commune livrées aux pillages et aux flammes.

Effrayés, les habitants se hâtèrent d'emmener dans la forêt leurs hardes et leurs meubles, et de cacher dans la neige ce qu'ils ne pouvaient emporter.

De pressantes sollicitations calmèrent la colère de Bubna qui exigea cependant une indemnité de 20 000 francs et deux otages jusqu'au versement intégral de cette somme.

Les deux otages désignés étaient Jean Alexis Mandrillon, négociants, et Gabriel Lizon, maître de poste.

La maison habitée par Bonnefoy et Tissot (tous deux demeuraient dans la même maison, près du hameau de la Cure) devait être rasée.

Bubna envoya un détachement de 30 cavaliers pour assurer l'exécution de son ordre. Ces cavaliers devaient être nourris à discrétion. Il devait leur être versé 5 francs par jour à chacun jusqu'à l'exécution de leur mission.

"Le jour assigné pour démolir la maison de Bonnefoy-à-l'Anne, raconte Joseph Marie Vandelle, le maire avait commandé du monde et des voisins pour remplir l'ordre de Bubna; mais le monde ne pouvait et n'osait se résoudre à cette cruauté.

" Les dragons à cheval autour de ladite maison, voyant que personne ne venait, quelques uns descendirent d'à cheval pour y mettre le feu, et, au lieu de mettre le feu dans celle qui devait être démolie, le mirent à celle du vent (appartenant à Pierre-Louis Bonnefoy-Claudet) qui était attaché à celle-ci. Le monde, voyant de loin la fumée, y coururent et l'éteignirent et démolirent la maison ordonnée.

" ..........Et c'était un temps bien malheureux où il y avait bien de la neige dans laquelle on faisait de grands trous pour y cacher ce qu'on n'avait pas le temps de sauver au loin, faute de chevaux.

" L'on ne peut savoir combien notre pauvre commune perdit dans cette malheureuse affaire. Dieu daigne l'en récompenser."

 

Les dragons, arrivés le 20 mars, s'en retournèrent le 23, emportant à Genève les 20 000 francs exigés.

La contribution de guerre fixée par le général de Bubna n'était pas de 20 000 francs comme l'indique Joseph Marie Vandelle dans la lettre que nous avons citée, mais de 12 000 francs.

Par suite d'un malentendu, on avait cru au chiffre de 15 000fr.

Cette somme fut avancée par 186 particuliers de la commune et emportée à Genève par les cavaliers chargés d'assurer les ordres de Bubna.

Le général de Sonnenberg fit rembourser l'excédent de 3000fr.

Le maire Claude Amboise Bonnefoy et Pierre Célestin Mandrillon se rendirent à Genève pour recevoir cette somme.

L'officier qui commandait les cavaliers de Bubna était logé à la Ferme, chez le médecin Modeste Amable Midol.

Les frais occasionnés par le séjour des 30 cavaliers furent de 963 francs.

La part contributive de la commune des Rousses dans les réquisitions exercées par les troupes de Bubna dans les autres communes du Jura fut de 4188 francs.

Durant les mois de janvier, mars et avril, nos voituriers furent presque tous occupés à conduire l'artillerie et les convois autrichiens (1)

 

(1) Un état de ces convois, établi par la mairie, nous rappelle les noms de quelques uns de nos anciens voituriers au long cours :

Jean Claude Benoit-Guyod, Pierre Joseph Lacroix-à-la-Barbe, Jean Louis Malfroy-Camine, Jean Baptiste Prost-Tuyen, Pierre Joseph Paget-Blanc, Jean Baptiste Lamy-Pithoz, Emmanuel Monnier, Jean Alexis Bavoux, Emmanuel Dumont.

 

 

8 7bre 1907 N°34

Les Rousses

historique et descriptif

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sommaire : L’invasion de 1815

 

Le retour de l'île d'Elbe (mars 1815) avait fait renaître contre la France la coalition européenne.

300.000 autrichiens, russes, bavarois, wurtenbergeois, badois, marchaient vers le Rhin.

120.000 prussiens, commandés par Blücher, se massaient entre la Meuse et la Sambre.

100.000 anglais, hanovriens, hollandais et belges, sur les ordres de Wellington, se réunissaient près de Bruxelles.

60.000 autrichiens, qui venaient de battre, sur le Pô, les troupes napolitaines de Murat, gravissaient le Mont-Cenis et le Simplon sous le commandement du général Frimont.

Napoléon avait chargé le maréchal Suchet de pourvoir à la défense du Jura et des Alpes, des Rousses à Briançon.

Lecourbe, rappelé de sa retraite de Ruffey, est chargé du commandement du corps d'observation du Jura, des Rousses à Belfort.

Le 21 mai, le colonel Christin écrit de Bonnevaux (Savoie) au maire de Morez :

"J'ai l'ordre de fortifier la position des Rousses. Pour cet effet, M. le général Lacombe m'a autorisé de requérir les bois, ouvriers, transports nécessaires. Je viens d'écrire à M. le Préfet du département pour qu'il donne des ordres à ce sujet. Je compte être à Morez demain, 22. Ayez la bonté de faire prévenir M. le maire des Rousses et les maires des communes voisines".

Dès les premiers jours de juin, 600 ouvriers sont occupés à la construction des Redoutes.

A partir du 15, le nombre de terrassiers est de 900.

Tous ses terrassiers étaient des hommes des cantons de Morez et de St Laurent réquisitionnés et travaillant en corvées.

La ville de Morez n'envoya pas d'ouvriers aux Rousses.

Les siens furent occupés à la construction d'autres redoutes à l'entrée de Morez.

La construction des 5 redoutes des Rousses a duré 33 jours.

Quelques détails sur ces ouvrages :

1°- La Grande Redoute-

Propriétaires : Modeste Amable Midol, 7 ares 75 centiares ; Joseph Marie Buffard, 8a-28c ; Veuve de Claude François Lacroix, 16a-19c. Sol payé 414 francs. La pierre est fournie par les murs secs qui bordent quelques chemins voisins. On enlève la terre de 34 ares de champs contigus pour construire les épaulements. Ces champs appartiennent à Modeste Amable Midol.

Cette redoute a la forme d’un bastion. Fossés et palissades. Armée de 3 pièces de 4.

- Redoute vers chez Courant- (près du jardin actuel de Melle Midol)

Propriétaires : Jean-Alexis Gindre, 9a-10c et Joseph Marie Vandel, 9a-11c. Sol payé 250

Francs.

Cette redoute est carrée. Fossés et palissades. Armée d’une pièce de 4.

3°- Redoute du Cernois (point culminant du fort actuel)

Propriétaires : Grenier Antoine Joseph, 4a-20c . Sol payé 40 francs.

Redoute carrée de 15m.de côté sans fossés ni palissades.

4°- Redoute de l'église- (dans le prolongement du cimetière)

Propriétaires : Jacques Alexis Raddaz, 61c ; commune des Rousses, 4a-4c. Sol payé 120 francs.

Cette redoute est formée d’un simple épaulement en terre de 2m. de hauteur et de 1m.50 d’épaisseur, sans fossés ni palissades, brisé à angle droit. Une face de 50m. de longueur est tournée vers les Rousses-en-Bas et les Rousses d’Amont. L’autre face, longue de 30m. barre l’ancien chemin des Rousses à Bois d’Amont.

5°- Redoute du Sagy-

Propriétaire : Prost l’Héritier Joseph Alexis, 80c. Sol payé 30 francs.

Cette redoute fut à peine commencée. Il en reste un amas de pierres.

Près de la redoute de chez courant, se trouvaient deux maisons dont on distingue encore les emplacements ; celle de Jean-Emmanuel Bonnefoy dit Courant et celle de Paget dit le Sucre.

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Les troupes cantonnées aux Rousses se composaient de 200 hommes du 62° de ligne, dont une Compagnie de grenadiers ; de200 à 300 gardes nationaux non encore habillés, tirés de l'un des bataillons de l'Ain; de 30 canonniers et sous-officiers d'artillerie sous les ordres du lieutenant Dreuter ; <span style="font-siz