Mémoire Romanet-Reverchon

Par Pierre Joseph Raymond Romanet (Tancua 1783 – Morez 1856)
Transcription et mise en page © Linda Reverchon


Lors d’une cousinade Reverchon en août 2010, Michèle (Reverchon) Thevenet de Morbier (39) m’a prêté les photocopies d’un document manuscrit qui avait appartenu à feu son cousin Paul Bailly Basin de Morbier, copies qu’il lui a offertes.

J’ai photographié les pages, faisant ensuite une transcription du document. Le trouvant très révélateur d’une époque de l’histoire du Haut Jura, de la maison Vandel Reverchon & Cie , et surtout de deux anciennes familles de la région, les Romanet et Reverchon, j’ai essayé de me renseigner sur l’origine du mémoire.

Car il s’agit bien d’un mémoire, ceci de la main de Pierre Joseph Raymond ROMANET, né à Tancua (39) le 31 août 1783 et décédé à Morez (39) le 7 juin 1856.

Malgré que c’était Paul BAILLY BASIN qui a fait les photocopies, l’originel ne se trouve pas dans les papiers donnés par sa veuve Odette à son neveu Jacques Bailly Basin de Morbier, pas plus que le cahier dont il est question dans les dernières pages du mémoire. Ce cahier contiendrait la suite du mémoire à partir de l’année 1813.

Nous en restons donc là, avec seules les images du premier carnet qui comprend quand même 41 pages.

Les images de chacune des 41 pages du mémoire se trouvent en face de leur transcription qui conserve l’orthographe et la ponctuation d’origine.

Puisant dans mon fichier généalogique, j’ai pu constituer une ascendance pour notre sujet.1

Génération 1

1 ROMANET Pierre Joseph Raymond
° 31/08/1783 Tancua (39), + 07/06/1856 Morez (39)

Génération 2

2 ROMANET Joseph Ambroise
° La Rixouse (39), + 17/01/1793 Tancua (39)
x 29/01/1771 Morbier (39)
3 REVERCHON Marie Constance
b. 04/08/1753 Morbier (39), + 26/01/1827 Tancua (39)

Génération 3

4 ROMANET Claude Antoine
° 12/02/1722, + avant 1772
x en 1746
5 ROMANET Clauda Françoise

6 REVERCHON Pierre Claude
b. 21/10/1716 Morbier (39), (+) 25/03/1774 Morbier (39)
x 26/11/1743 Morbier (39) 7 GIROD Anne Thérèse
b. 04/04/1719 Morbier (39), (+) 24/09/1761 Morbier (39)

Génération 4

8 ROMANET Augustin

12 REVERCHON Claude Nicolas
° 1688/1694, (+) 10/04/1728 Morbier (39)
x 26/02/1715 Morbier (39)
13 MOREL À L’HUISSIER Marie
° 1692/1693, (+) 26/11/1758 Morbier (39)

14 GIROD Claude François + 1718/1746
x
15 MAYET Claude Marguerite

Génération 5

16 ROMANET Claude François
x en 1690
17 JOBEL Françoise
° Bellefontaine (39)

24 REVERCHON Louis
b. 22/04/1667 Morbier (39), + 21/10/1757
x 03/02/1688 Morbier (39)
25 MOREL FOURRIER Laurence
° en 1660, (+) 23/05/1761 Morbier (39)

26 MOREL Claude Pierre
x
27 BAILLY COMTE Marie
+ avant 1716

28 GIROD PERRET Laurent
b. 25/12/1640 Morbier (39), + après 1681
x 08/05/1662 Morbier (39)
29 MOREL FORIER Denise
b. 08/06/1641 Morbier (39), + après 1662

Génération 6

32 ROMANET Jean à la Claire
x 28/02/1656 Morbier (39)
33 GYROD DADO Guillerma

48 REVERCHON Philippe
b. 24/10/1640 Morbier (39), (+) 22/10/1718 Morbier (39)
x 26/11/1661 Morbier (39)
49 BAILLY ; SALINS Claudine
b. 25/11/1640 Morbier (39), + 25/07/1699

50 MOREL FOURRIER Claude
(+) 21/08/1669 Morbier (39)
x 04/07/1645 Morbier (39)
51 REVERCHON Pernette Pétronille
+ 30/05/1671 Morbier (39)

56 GIROD PERRET Pierre
° en 1612, + après 1656
x
57 MALFROY Clauda
+ après 1656

58 MOREL FOURRIER Nicolas
+ après 1662
x
59 LAMY Jeanne

Génération 7

64 ROMANET Cyle
x
65 BAILLY MAITRE Claire

66 GIROD À DADO Pierre
+ 24/11/1662
x 15/06/1625 Morbier (39)
67 CATHENO Cilla
+ après 1658

96 REVERCHON POID Denis
b. 06/11/1616 Les Rousses (39), + 11/05/1684
x 12/02/1640 Morbier (39)

97 JEOFFROY Guillemette
° en 1620, + après 1650

100 MOREL FOURRIER Jean
+ avant 1646

102 REVERCHON Claude
+ avant 1645
x
103 = 59 LAMY Jeanne

112 GIROD PERRET BOURGUIGNON Pierre
° Bellefontaine (39), + 1636/1663
x avant 1610
113 VANDELLE MATHIEU Stéphanie
+ après 1620

116 = 100 MOREL FOURRIER Jean
+ avant 1646

Génération 8

192 REVERCHON MONNIER PIROLET Pierre Pirolet
° en 1580, + 1631/1635
x
193 MICHAUD Claudia
+ après 1637

194 JEOFFROY Jacques
° en 1590, + avant 1641

224 GIROD PERRET À BOURGUIGNON Pierre
° Bellefontaine (39), + 1560/1590
x
225 X Jeanne
+ après 1560

Mémoire
Sur la famille de jh Ambroise
Romanet, et de Marie Constance Reverchon
Son épouse, de Tancua
Et généalogie des ancêtres

Première partie
Écrit en 18502


mars 1837

Mémoire

joseph-alexis Romanet, né à tancua, (jura) quita ce pays en 1820, et alla se fixer à Mazamet pour y exercer sa profession d’horloger.

il se maria dans cette ville en 1825, à Demoiselle Marie Adeline Estrabant, fille de Marc Estrabant, négt audit lieu, et de feu jeanne Elizabeth Olombel, après avoir passé leur contrat de Mariage devant notaire le 11 juin de ladite année, par lequel les époux ont déclaré Se marier sous le régime dotal en renonçant à
celui de la communauté.3

Le père Estrabant assure à sa fille par ce contrat, une somme de 4000 fr. pour dot, dont 3500 fr. de son chef et 500 fr. pour celui de feu sa femme.

En qualité d’ancien militaire et de sergent de la garde Nationnale de Mazamet en 1830, Romanet fut requis pour commender le piquet de garde nationnale qui accompagna le procureur du Roi de Castres dans l’imprudente expédition qu’il
fit le 7 Xbre 1830, dont les journaux du tems ont tant parlé.

Romanet fut l’une des victimes de cette expédition, il fut apporté Mort dans son domicile à Mazamet, le dit jour 7 Xbre 1830.


il laissait une veuve et un enfant âgé de deux ans, nommé charles-pharamond Romanet

Les scellés furent aussitôt apposés dans son domicile, et le 13 du même mois l’inventaire public du mobilier eut lieu. il montait à la somme de – – – – 5199.33

La succession n’avait aucune dette passive.

Je fus instruit que l’inventaire ne comprenait pas toutes les créances que possédait mon frère, et je fis mon possible par corespondance pour amener la veuve à faire faire un inventaire supplétif ; Mais je ne pus rien obtenir.

Mais deux ans après, se voyant elle même à la porte du tombeau, elle fit un testament mystique le 4 janvier 1833, qui porte :

« Je nomme et institue pour mon héritier universel et général, pharamond Romanet mon fils mineur, et je lui nomme pour tuteur jacob Baux mon beau frère, que je prie d’en accepter les fonctions.

« Je déclare pour rendre hommage à la vérité que la succession de mon défunt mari se compose du montant de l’inventaire public qui fut dressé après son décès, et d’une somme de six mille francs montant de deux billets ou effets de commerce à ordre qui ne figurent pas audit inventaire »

La testatrice est décédée le 5 fevrier 1833, les scéllés


furent apposés et l’inventaire eut lieu le 19 même mois.

Cet inventaire porte qu’on a trouvé dans son porte feuille sept billets montant ensemble – – – F 10,262.25

La succession n’avait aucune dette passive.

Je fus instruit que l’inventaire ne comprenait pas toutes les créances que possédait mon frère, et je fis mon possible par corespondance pour amener la veuve à faire faire un inventaire supplétif ; Mais je ne pus rien obtenir.

Mais deux ans après, se voyant elle même à la porte du tombeau, elle fit un testament mystique le 4 janvier 1833, qui porte :

« Je nomme et institue pour mon héritier universel et général, pharamond Romanet mon fils mineur, et je lui nomme pour tuteur jacob Baux mon beau frère, que je prie d’en accepter les fonctions.

« Je déclare pour rendre hommage à la vérité que la succession de mon défunt mari se compose du montant de l’inventaire public qui fut dressé après son décès, et d’une somme de six mille francs montant de deux billets ou effets de commerce à ordre qui ne figurent pas audit inventaire »

La testatrice est décédée le 5 fevrier 1833, les scéllés


que la perte du 50 pr % était pour le compte du mineur, et le conseil de famille prétend que non ; que la maison Estrabant-Sabatier paiera tout ce quelle devait au mineur, ou que le tuteur devra parfaire la somme.

Mais ce n’est pas tout :

Le tuteur lui même est aujourd’hui mal dans ses affaires commerciales, et ou craint que la fortune du jeune orphelin ne soit compromise, attenda qu’on ne connaît pour propriété appartenant au tuteur que deux maisons qui valent environ 16 à 17000 fr, sur lesquelles il y a pour 5 à 6000 francs d’hypothèques légales ou privilégiées.

Ces maisons ne sont seulement pas assurées contre l’incendie ; En sorte qu’en cas de sinistre tout serait perdu.

Voilà comment le subrogé tuteur et le conseil de famille ont laissé administrer les biens du jeune Romanet.

Ces biens consistent donc aujourd’hui en F 12,000 environ qui sont entre les mains du tuteur. Sur quoi il avoue avoir prêté 4000 f. à une maison sûre qu’il ne veut pas nommer.

1500 environ que la maison Estrabant-Sabatier redoit après avoir payé le 50 pr % au tuteur.

4000 qui sont dûs par la succession de marc Estrabant, suivant contrat de mariage de sa fille ml adeline, pr sa dot constituée 5,500 environ, pour la portion du jeune romanet dans la licitation des bien dudit marc Estrabant.

23,000 fr. Plus, 1000 f. qui sont [ ? – page abimée] hypothéqués sur la maison du père Bourniquot de mazamet _ ___ [page abimée] du mineur Romanet.


Recherchée par pre jh Raymond Romanet
fils ainé de feu joseph ambroise.

-–––––––- 1850 –––––––-–-

mon 5e aïeul

1° Romanet, Cyle, marié à Claire Bailly maitre, de la combe de Morbier, (cyle Romanet était échevin en 1647.)
Eurent pour fils :

mon 4 aïeul

2° jean Romanet, dit à la claire
Ce fut pour le distinguer d’autres jean Romanet surnom de : dit à la
[Ici il manque une bande d’écriture à travers la page comme si la feuille avait été coupée.]
se distinguer d’autres Romanet.

mon trisaïeul.

3°. Cde fois Romanet, fils du précédent, se maria en 1690
à Ml fçoise Jobel, (aujourd’hui Jobez) de Bellefontaine et
eurent pour fils

mon Bisaïeul.

4° Augustin Romanet, (il était échevin en 174 )
marié en 175 à 6 et eurent pour fils

mon Aïeul.

5° Claude antoine Romanet, né le 12 fevrier 1722, marié en 1746 à clauda françoise Romanet. (il était échevin en 1766.)
Augustin eut un autre fils nommé pre Remy Romanet né le 1r 8bre 1724, mort le 1r mars 1819, dans sa 95e année.
C’etait le grand-père de pharamond Romanet.

mon père

6°. jh ambroise Romanet, fils de Cde antoine, marié en 1771 à Marie constance Reverchon, fille du notaire Reverchon, de morbier. jh ambroise était Echevin en 1775.

moi.

7° pre jh Raymond Romanet, fils de jh ambroise, ne le 31
aout 1783. (Il a été Maire de tancua pendant 25 ans.)


Cyle Romanet, mon 5e aïeul, avait un frère qui eut deux fils, l’un nommé Cyle comme son oncle ; l’autre nommé Guillaume.

Guillaume Romanet, dont la descendance est encore aujourd’hui à Morbier, (les Romanet dit Guillâme) eût en partage les biens du côté de bise, et fit batir, en 1669, la maison des Bauduret d’aujourd’hui.

La couverte de la porte d’entrée portait les lettres initiales de son nom et le milliaire (G.R. 1669)

[Ici il manque une bande d’écriture à travers la page comme si la feuille avait été coupée. C’est la réplique exacte, à l’envers, de la page précédente.]

l, dit

Ensuite il vendit sa maison et le restant de ses biens à pre Simon Bailly, de Morbier. il n’en jouit pas longtems, tous ses biens de morbier et de tancua furent mis en Décret et vendus en 1790.

claude joseph Bauduret, de Repenty, se rendit adjudicataire des biens de tancua, et, en 1791, il rebâti la maison qui était tombé en ruine.

il plaça la porte d’entrée susdite à l’écurie qui était du côté de Bise –
Son fils, Célestin Bauduret, se bâtissant un logement en 1847, a place la couverte de la porte susdite sous le cul de son four au fond de l’archet de sous ce four. (four à cuire le pain.)


3.

Claude antoine Romanet, mon grand-père, eut deux fils : jh ambroise, mon père, et isidore-augustin, mon oncle.

Cet oncle mourut le même jour que sa mère, l’un à morbier l’autre à tancua. ils furent mis les 3 à la même fosse au cimetière de morbier.

il n’y avait pas longtems que cet oncle était marié ; il laissat une jeune veuve et un petit enfant qui, l’un et l’autre ne survécurent pas longtems, et cette branche de notre famille fut éteinte en 1790.

L’enfant mourut avant sa mère et celle-ci hérita de tous les biens de son enfant, qui étaient indivis avec ceux de mon père. Telles étaient les coutumes de la franche-comté avant le code Civil.

La mère étant au lit de la mort, sans postérité, fit un testament donnant toute sa succession à sa sœur et à son père. C’est ainsi que le bien paternel de tancua passa tout à coup en mains étrangères à la famille.

les héritiers étrangers allèrent bien vite partager ce bien par égale part avec mon père et ils vendirent aussitôt leur portion à jean-Noël et joseph Xavier Martin, père & fils, grangers à la Combe de morbier.

Ces acquerreurs achetèrent cette propriété à Crédit. onze ans après il fallut revendre pour payer.

Le père, jn Noël Martin, revendit donc, en 1801, à son autre fils pre
augustin Martin, la totalité de la propriété.


4.

propriété, à charge par ce nouveau acquerreur de payer les dettes
affectées dessus, et de nourrir et entretenir ses père & mère.

L’autre des fils, jh Xavier Martin, qui était de partie avec son père pour l’acquisition primitive s’opposa à cette revente pretendant qu’il avait la moitié de la propriété, et voilà un bon procès à St claude entre le père et les deux fils Martin ; procès qui n’a jamais eu de solution faute pa [écriture coupée par la photocopie] les plaideurs d’avoir le moyen de payer leurs avoués et leurs avocats.

Le nouvel acquerreur, pre augustin Martin, avait vendu les biens de sa femme à foncine, pour payer les créanciers de son père ; Mais au lieu de payer il dissipa la dot de sa femme. il avait une nombreuse famille à nourrir ; il était toujours au cabaret avec un mauvais cheval dont il se servait ; La cherté des blés, la disette de 1816-1817, époque ou le pain monta jusqu’à un franc vingt centimes le kilogramme, achevèrent de le ruiner. Pour payer ses créanciers et ceux de son père il fallut vendre pour la 3e fois les biens en question.

C’est moi qui achetai, en 1818 (vente à l’amiable) après avoir transigé avec joseph Xavier Martin pour ses prétentions et son procès.

C’est ainsi qu’est revenue à la branche paternelle


5.

une propriété dont elle avait été privée assez injustement.

Cette portion de grange à tancua a donc été possédée par les Martin de 1790-1818 – 28 ans.

Voici un incident qui se présenta en 1836, au sujet de mon acquisition Martin.

jean-Constant Martin, fils de feu pre augustin, mon vendeur, vint me trouver, le Xe mars 1836, pour avoir des explications sur la vente que ses père et mère m’avaient faite, il y avait alors 18 ans.

il voulait voir si sa mère, encore vivante à cette époque, ne pourrait rien réclamer sur le bien vendu où elle avait un assignat de 2400 francs, fait par feu son mari le 2 floréal an 12 (32 ans.)

il avait entendu dire, dit-il, que les droits de sa mère ne pouvaient pas se perdre, et que quel qu’un les lui avait demandé a acheter.

je lui répondit :

que sa mère m’avait vendu tous ses droits et qu’il lui restait plus rien à vendre ; que j’étais parfaitement en règle de ce côté-là ; que j’avais acheté assez cher puisque j’en avais donné 66 fr. de plus qu’il n’avait coûté à mes vendeurs qui, en outre, avaient exploité tous les bois avant de revendre ; que pour me mettre à l’abri de toute recherche, j’avais encore acheté de


6.

joseph–Xavier martin, son Oncle, tous les droits actions qu’il avait sur les biens en question, cho [écriture coupée par la photocopie] qui avait éteint le procès qui était pendant ent [écriture coupée par la photocopie] les deux frères martin.

je lui fis connaître une chose que sa mère pou [écriture coupée par la photocopie] lui attester, à savoir :

« Quelque tems après la vente de ses biens, la [écriture coupée par la photocopie] martin m’avait dit que des gens de Morbier aurait fait observer qu’elle aurait pu en tirer un meilleur prix en l’affichant à vendre ; que l’un d’eux en aurait bien donné 5 à 6 [écriture coupée par la photocopie] de plus ; que j’avais répondu à sa mère [que] je ne tenais guère à mon acquisition ; qu’on n’avait qu’à me rembourser mon argent et je rétrocéderais.

« que quelques mois après cet entretien avec sa mère, celle-ci m’avait avoué que ceux qui avaient promis 5 à 600 francs de plus [écriture coupée par la photocopie] retirés et n’offraient plus que 300 francs ; qu’elle leur avait répondu que dans tous les [écriture coupée par la photocopie] elle aurait déjà donné préférence à Romanet à 300 fr. de moins qu’à tout autre, parce qu [écriture coupée par la photocopie] se rappelait et qu’elle se rappelerait toujours la crise de 1814 à 1817 où personne ne voulait lui prêter que lui pour faire vivre sa famille ;

« que pris égard à la franchise et à la pauvre [écriture coupée par la photocopie] de sa mère, je lui avais donné une étrenne de Cent francs


7.

« de Cent francs, et qu’elle m’avait déclaré être bien satisfaite.

« Voilà, que je dis au fils martin, les faits tels qu’ils se sont passé ; votre mère se les rappèlera sans doute, je vai vous les mettre en écrit et vous en ferez par à votre mère. »

En effet, je lui fis une copie de ce que dessus, et délors je n’ai plus entendu parler de rien.

je rebâtis la viélle barraque Martin qui touchait notre maison de tancua ; j’ai acheté les portions de mes frères et sœurs ; j’ai acheté, au fur et à mesure que l’occasion se présentait, les terres que des particuliers de tancua avaient près de chez nous ; j’ai échangé avec mes parents et voisins des pièces de terre qui étaient entremèllées. je suis resté 20 ans à arrondir et rendre indépendant mon domaine de tancua, et aujourd’hui il ne forme qu’une seule pièce.

Il se compose de : 7


Généalogie de la ligne Maternel



Trisaïeul Philippe Reverchon, à Combefroide.

Bisaïeul, claude Nicolas, fils de philippe

Aïeul, Reverchon pre claude, notaire à Morbier, et procureur
d’office8

Ledit notaire Reverchon, mon grand-père maternel, a eu de son mariage avec anne thérèse Girod, de Morez-bas, cinq enfants, savoir : joseph-aimé, jacques-alexis, claude-nicolas, Marie-anne et Marie Constance Reverchon. Cette dernière est ma Mère, de pieuse mémoire.

Il eut d’un second Mariage, une fille nommée anne-Marie, qui se maria à augustin Morel-jacco [phrase coupée par la photocopie] du village de morbier.

joseph-aimé, l’ainé des enfants, ayant reçu une certaine éducation, fut nommé géomètre du chapitre de St. claude ; et, à cause de sa belle voie il fut en outre nommé chantre de la cathédrale de St. Claude.

Il se maria en cette ville. Il n’eut qu’un fils auquel il donna une
bonne éducation.


jh aimé Reverchon quitta St claude pour aller s’établir géomètre à Grenoble, où il fut nommé pour cadastrer la province.

Son fils était déjà, à l’âge de 25 ans, ingénieur des ponts et chaussée du dépt de l’isère. C’était, autant que je puis me la rappeler, en il mourut garçon peu de tems après. Son père était veuf sans enfant fut atteint d’une paralysie et son frère Nicolas le fit venir chez lui à Morez pour le faire Soigner, où il mourut qques tems après.

jacques alexis Reverchon, Second fils du notaire, est mort sans postérité en 1817 ; il était mieux connu sous le surnom de Cancus.

claude nicolas Reverchon, 3e fils du notaire, passa sa jeunesse en qualité de Commis de plusieurs maisons commerciales de Morez, 1° chez les mm Jannet, 2° chez mr Morel et 3° chez mr Perrad, jusqu’à l’âge de 38 ans, époque où il se maria avec ludivine Méssager, fille d’un receveur des Douannes à Morez, qui était de Sénargent (haute Saone)

A l’époque de son mariage, il quitta mr Perrad pr faire le commerce des fers et de la clouterie en son particulier, où il amassa une assez jolie fortune pendant les 14 ans que dura son commerce.

Il eut de son mariage susdit deux enfants qui moururent en bas âge, et la mère mourut en 1794.


11.

il quitta le commerce pour aller régir la forge de morez-bas qu’il avait achetée par moitié avec mm. Clément frères, de la faillite de jn Bte Prost, dit jn du moulin.

A l’âge de 60 ans, mon oncle Cde Nlas Reverchon, maître de forge à Morez, se remaria avec une jeune veuve, de Bellefontaine, marie- josephe Girod-dadoz, fille de jacques Girod-dadoz, veuve de pierre Mayet de Bellefontaine.

Cette nouvelle femme mena rondement son vieux riche mari. Elle lui arracha un testament pour avoir toute sa fortune, et peu de tems après il se noya accidentellement en tombant au canal de fuîte de ses usines, le 6 7bre 1816, sans postérité.

Cette femme, deux fois veuve, munie de la fortune de son dernier mari, qu’on évaluait à 150 milles francs, s’en alla chez sa fille du premier lit qui était mariée à un nommé Roux, de Vermenton (yonne) où elle est morte en 182 .

Voilà où est allée la succession entière de mon oncle Reverchon, sans qu’il en soit resté un centime au pays ni à aucun de ses parents.

Marie-anne Reverchon, fille du notaire de ce nom, est morte aussi sans postérité.

Voilà donc toutes les branches materneles étaintes, excepté celle de ma mère dont je vai m’occuper.


12.

Marie-constance Reverchon, ma mère, fille du notaire Reverchon, avait survécut à ses quatre frères et sœurs prérappelés.

Elle est décédée le 26 janvier 1827, âgée de 74 ans, après 34 ans de veuvage. (Elle était née le 4 août 1753.)

9Joseph-ambroise Romanet et Marie-Constance Reverchon, mes père et mère de pieuse mémoire, se marièrent en 1771.

il naquit de ce mariage onze enfants, dont cinq son morts en bas âge, et six ont survecuts au père et à la mère.

jh ambroise Romanet, mon père, est décédé le 17 janvier 1793,
laissant à sa veuve six enfants en bas âge, savoir :
1. Marie-anne, âgée de 15 ans ;
2. jeanne célestine, âgée de 11 ans ;
3. pre jh Raymond, âgé de 9 ans ;
4. fois nicolas, âgé de 7 ans ;
5. jean aimé, âgé de 5 ans ;
6. jh alexis, âgé de 3 ans.

Voilà donc un ménage de sept personnes qui n’héritent pour tout bien, pour toutes ressources alimenta [marge coupée par la photocopie] et autres, que d’un petit domaine de quatre vaches.

On conçoit de quelle conduite et de quelle économie il a fallut que la mère soit, pour se sortir du pas avec humeur comme elle l’a fait, avec un aussi petit domaine, qu’elle a conservé intact à ses enfants.


13.

On conçoit aussi qu’il a fallut que tous ces enfants aient été de bonne sorte, de bonne conduite et travailleurs pour arriver tous à bonne fin.

Pour nourrir cette jeune famille, il fallait à la mère environ 80 mesures d’orge par an. Le bien n’en produisait que la moitié. Elle fesait annuellement huit quintaux de fromage qui, avec la vente de quelques pieds de bois, fournissaient au surplus des besoins de la famille.

La mère était adroite de l’aiguille, très travailleuse et d’une excellente santé ; elle n’épargna ni soins ni veilles pour entretenir proprement et convenablement ses enfants.

Dans les commencements elle n’avait pour aide que marie-anne, sa fille ainée, qui a toujours été forte travailleuse. Mais Célestine acquit bien vite des forces et séconda puissament sa mère et sa sœur ainé, pendant que les trois petits frères étaient encore en robe d’enfant.

il n’y avait donc pour cultiver notre petit domaine, que ma mère et mes deux sœurs. Elles fesaient tout à l’exception de quelleques journées de charue et de faucheurs, encore ma mère s’aidait-elle à faucher.

Puis elle avait de bons voisins, chez l’oncle pierre-remy, qui lui prêtaient souvent main-forte.

Moi, pr jh Raymond, l’ainé des fils, j’étais absent, ainsi qu’on va le voir. je n’ai donc pas vu les premiers malaises de la famille, mais je n’en ai pas moins travaillé trop jeune, et contribué puissament à la prospérité du ménage, ainsi que je vai le démontrer.


14.

A la mort de mon père, arrivée le 17 janvier 1793, j’etais âgé de 9 ans, 4 mois et 17 jours étant né le 31 aout 1783, jour de la St Raymond, suivant le calandrier de l’époque.

L’été précédent (1792) j’avais fréquenté pendant deux mois l’école de morbier ; après quoi je lisais déjà passablement, ce qui était beaucoup pour les Ecoles de ce tems là ; aussi disait-on que j’avais des dispositions.

Mon oncle Nicolas Reverchon, négociant à Morez me prit chez lui pour m’envoyer en classe, à l’école tenue audit lieu par un nommé Villermoz.

j’étais nourri à la table de mon oncle, et tenu comme si j’avais été le fils de la maison.

j’y entrai en Mars 1793 ; à peu près six ou 7 semaines après le décès de mon père.

Mon oncle Reverchon eut le malheur de perdre sa femme sur la fin de 1794. Cette perte me fut plus fatale qu’à mon oncle même, car si elle eut vécu j’eusse resté en classe au lieu d’etre rendu à ma mère qui n’avait pas le moyen de m’y mettre.

Plusieurs circonstances excusèrent mon renvoi à ma mère. L’oncle Nicolas Reverchon n’avait qu’une petite fille, nommée virginie, qui était encore plus jeune que moi. Après la mort de sa femme, mon oncle prit pour gouvernante sa sœur


15.

Soeur Marianne, veuve thevenin, des marais, avec ses deux filles, Constance et Celestine, toutes mortes sans postérité.

A la même époque, l’instituteur Villermoz quitta morez. C’était au tems de la terreur, à peine osait-on envoyer les enfants à l’école.

Alors mon oncle Reverchon dit à ma mère : « Sœur Constance !
Mon ménage est accru de trois femmes ; Mon logement est très petit, la place me manque. ton fils sait lire et un peu écrire, c’est tout ce qu’il en faut pour la campagne ; d’ailleurs les maitres d’école ont quitté, il te faut renmener pierre-joseph »

Ce fut ainsi que je quittai l’école et morez, en Xbre 1794 après 21 un mois de séjour, à un âge où les Ecoliers commencent seulement à faire qque chose. je quittai l’Ecole à l’âge où il aurait fallu y aller pour tout de bon.



Un souvenir de mon enfance à Morez :
En 1794, je __ suis aidé, avec d’autres écoliers de m. Villermoz, un jour de vacance, à planter l’arbre de la liberté qui existe aujourd’hui près le grand pont de Morez ; c’est un peuplier qu’on deracina au Pellant ; il avait environ huit centimètres de diamètre. Aujourd’hui il a [vide] : Cet arbre de liberté remplaça le premier planté en 1790 [le ?] Sapin Sec du Rixoux, qui menaçait ruine.

Une cérémonie religieuse et républicaine tout à la fois, eut lieu pour
cette plantation en 1794. Les Eglises étaient devastées et fermées


16.

je croyais être heureux de rentrer chez nous pour être exempt d’aller à l’école. je ne pensais guere qu’un temps viendrait où j’aurais à regretter le manque d’instruction.

Enfin, me voilà à tancua, au milieu de l’hiver.
En attendant le printems, la saison des labours, je m’occupe a apprendre à lire à mes trois frères et à d’autres enfants de tancua qui venaient chez nous quand le tems le permettait. je me rappel qu’il y avait, entre autre, le jean à la nanina, père de m. aimé Romanet, md à morez.
L’hiver Suivant, (1795-1796) après m’être aidé à battre la grange, je fus envoyé deux mois à l’école de Mr Ecure_ [photocopie coupée en marge] instr à Morez.
Et voilà toutes les classes que j’ai faites.
Après cela, il s’agissait d’apprendre un métier mai lequel du cloutier ou de l’horloger ? C’était à ma mère à décider et elle pencha pour le plutôt appris, le cloutier.
il y avait une place de libre à la forge de gustin à moin [phrase coupée par la photocopie] j’y voyageai les 2 à 3 premier mois de 1797. Ce bon garçon de gustin à moine me fournit le charbon et le fer, et il m’apprit un peu à forger. Ma mère le paya en bois.



Suite pour l’arbre de liberté de morez, 1794.
les prêtres étaient disposés, le curé de morez, mr Bouvet, était en fuite.
L’abbé Girod-pinnet avait prêté serment à la constitution civile du clergé, et était venu vivre tranquile chez son frère Girod-pinnet, à Morez, où [phrase coupée par la photocopie] le cour à son ministère de prêtre pour une cérémonie religieuse à l’occasi [phrase coupée par la photocopie] de la plantation du nouveau arbre de liberté ou éleva un autel sur la place, à coté du creu fait pr sa plantation ; La garde Nationnale entourrait l’autel, l’abbé Girod y célébra la messe et béni le creu et les racines du jeune peuplier, et on le fit planter, mettre en place


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Au même printems de 1797, je me crus déjà assez fort pour tenir la charue – j’avais 13 an et ½ – Xavier Martin, notre voisin, me rarangeat la viélle charue de mon père, dont on ne s’était pas servi depuis sa mort. On apprit nos vaches à tirer en menant le maltras [ ?], et ensuite on les attela à cette charue, et on laboura sans l’aide de personne.

Célestine conduisait l’attelage, jn aime menait la vache de devant, Marieanne suivait avec le fesson et ma mère semmait. quand la charue accroit une pierre qui crampait tout, je mettais l’épaule sous l’un des mancherons de la charue pour la décrocher. j’étais trop petit et trop faible pour le faire avec mes bras.

Cet été-là, je commançai à faucher pour aider à ma mère. j’achetai une petite Dâille, Xavier martin me l’emmenchat. j’avais plus de courrage que de force, j’avais bien des maux pour faire peu d’ouvrage.

L’hiver suivant, 1797-1798, ma mère ne voulut plus me laisser continuer l’apprantissage de cloutier.
Elle avait été avertie par nos bons voisins, et parents



nous autres écoliers qui avions creusé le trou.

Sans doute que l’autorité municipale laissa faire cette opération par la jeunesse, afin d’en porter le souvenir plus loin.

Après la messe et la Benediction, on démonta l’Autel qui avait été construit avec des Caisses d’horloges ; on plaça une table tout le long du Canal Chavin qui, à cette époque, étaient à découvert ; on fit servir un diner pour les autorités et les gardes-Nationaux en Costume, où il fut porté des toast à la prospérité de l’arbre de la liberté. On chanta la Marseillaise et autres chansons patriotiques de l’époque.


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parents, pierre-Simon Romanet et marie gabrielle jantet, son Epouse, que les cloutiers qui occupaient la forge de gustin à moine, étaient pour la plus part des mal embouchés qui ne disaient que des sâletés, chose pernicieuse pour la jeunesse.

Ma mère n’était pas moins vertueuse et religieuse que les susdits bons voisins. Elle ne souffrait de la part de ses six jeunes enfants ni sâles paroles ni jurons. (mon père était déjà comme elle, vertueux et pieux, sans bigoterie.)

Elle nous fesait lever le matin pour faire la prière en famille. Elle nous fesait dire à haute voix le Benedicité avant chaque repas et les grâces à la fin. Les angélus et autres prières pendant le travail n’étaient pas oubliées.

La prière du soir se fesait avec un peu plus de cérémonie, tous à genou autour du feu de notre grande cheminée de bois, chacun de 6 enfants fesait la prière à son tour. A la fin la mère qui présidait allongeait la cérémonie par une série de Pater et d’Ave qui ne finissait qu’en s’endormant, et souvent avec les rires de ceux qui ne dormaient pas.

Il va sans dire qu’elle nous fesait faire nos pâques tous les ans. elle n’exigeait pas plus souvent ce devoir-là de la part de ses 4 garçons, mais elle l’exigeait deux fois de ses filles, à pâques et à la toussaint.

Cet attachement aux pratiques religieuses est héréditaire dans la famille. Nos petites cousines et bonnes voisines à tancua, les Demoiselles Romanet, en sont aujourd’hui des témoins honorables.


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Mes deux sœurs y ont été fidèles toute leur vie. Mais les 4 frères, moi pour le premier, se sont négligés en venant grand’ garçons, lorsque la mère n’a plus pu les gouverner. ils ont tous été bons citoyens, honnête-homme, mais à peine de dévotion.

Pour mon compte, il y a cinquante ans que je fais courte prière, mais j’ai travaillé et je travaille encore beaucoup. Ma prière favorite, que je répète très souvent, est celle-ci : Mon Dieu ! je vous aime de tous mon Cœur, faite moi la grâce de vivre et de mourir en bon chrétien et en bon Citoyen.

je reviens sur le chapitre de ma mère.

Elle fut aussi très laborieuse. jamais elle ne restait les bras croisés.
Le bas dans ses poches pendant le travail, elle tricottait en allant et venant, et dans les moments de repas.

Le Dimanche après diner, elle lisait. Elle lisait encore pendant sa maladie qui l’emmena à l’âge de 74 ans, étant décédée le 26 janvier 1827.

Elle était née le 4 aout

1753
74


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je Reviens à ma jeunesse.

Au lieu de continuer l’apprentissage de cloutier, j’allai, l’hiver de 1797-1798, chez notre voisin Xavier martin, qui restait chez sa belle- mère, Catherine –ès-tatolet, commencer mon apprentissage d’horloger, avec jn alexis tatolet, beau frère de Xavier martin.

Mais Xavier martin qui ne fesait que 2 ou 3 horloges par hiver, ne pouvait pas expédier notre apprentissage comme un horloger travaillant continuellement de son état. jn alexis tatolet et moi, nous ne fesions guère que de nous amuser et un peu limer.

En été Xavier martin allait à la forêt faire du tavaillon. je me mis a en faire aussi et été-là (1798.) j’avais des bois propre à cela sur notre propriété.

Nous avions passablement de bois, mais à cette époque là, les forêts étaient prèsque de nul valeur. Personne au pays, pas même à morez, n’en fesait le commerce. On n’en pouvait tirer parti que pour l’entretien de bâtimens et pour les charbons que consumaient les forges de morez et les clouteries du pays, qui étaient nombreuses alors. On ne brûlait que du charbon de bois, la houille était encore inconnue au pays.

Le beau tavaillon se vendait 2f50 le millier.


21.

L’hiver suivant (1798-1799) je retournai limer chez Xavier martin, avec mon camarade et ami intime, jn alexis tatolet 10. Ce fut cet hiver là que notre voisin pierre-ès-mottet se maria, âgé de 17 ans.

11après les semailles de 1799, voulant essayer un peu de tout, je fis mon premier fourneau-à-charbon, dans une ancienne place, aux Cantons, au couchant des Sapins. je coupai le bois ; je fis tout. j’étais devenu assez fort ; je courrais ma 16e année.

je mis mon fournau à feu la veille de l’incendie de la ville de St Claude, arrivée le juin 1799.

Le jour de ce vaste incendie, je m’aidais a placer une citerne pour notre voisin pierre Remy Romanet, et son fils pre Simon m’aidais à gouverner mon fourg à charbon.

C’était un jour de forte Bise avec un beau Soleil ; déjà avant midi on appercevait, depuis le haut de la côte, des tourbillon de fumée. Le soir on apprit que la ville entière était détruite, et qques jours après on apprit que 80 personnes étaient enfouies dans les décombres.

Cette année là, on ne parlait que de l’incendie de St Claude ; de Bonaparte en Egypte ; de son retour en France ; de la Seconde coalition des principales puissances de l’Europe contre la France, & &.
C’était Xavier martin qui nous entretenait de la politique.


22.

L’hiver suivant, (1799-1800) voyant qu’on apprenait peu chez Xavier martin qui, au lieu de faire des horloges s’occupait a faire divers autres objets qui lui plaisait mieux (il était très adroit sur le fer et sur le bois) j’allai finir mon apprentissage chez jh Atin Cretin, , qui travaillait assidument de l’horloger.

L’été de 1800 fut l’année de la grande sècheresse jamais, de mémoire d’homme, on en a vu une pareille au pays – trois mois sans goute de pluie ni brouillards, toujours un soleil ardent, du premier juin au premier Septembre. On allait abreuver les vaches à la Lecchîre12 ès-mottet, tout près de la Rivière, où il sortait une bonne source. C’etait la aussi qu’on allait à l’eau pour le ménage, &. – Et lorsqu’il y avait foule autour de la source, pour ne pas attendre mon tour j’allais remplir ma Bouille à la Rivière.

On allait aussi chercher de l’eau en voiture, dans un tonneau, à la
fontaine des Rouvet, située à l’ouest de la grange Colomb, mais il
n’y avait pas pour tout le monde, il fallait attendre longtems son
tour.13

L’hiver suivant (1800-1801, j’allai encore chez jh Atin Blü – Mon frère nicolas, qui jusque là était allé tous les hivers en classe à Morbier, vint avec


23.

moi commencer son apprentissage. Il retourna en classe l’hiver
suivant, 1801-1802, et moi je commençai a travailler à mes pièces
chez michel cretin, dit [texte coupé par la photocopie] Blü, frère
consanguin de jh Atin.

Au printems de 1802, je rouvris enfin l’atelier de mon père qui était fermé depuis sa mort arrivée le 17 janvier 1793. (durée de cette fermeture, neuf ans.)

(C’est au printems de 1802 qu’est décédé ledit Michel cretin-Blü, père de pierre ès-blü d’aujourd’hui.)

Voilà donc toute la famille reunie dans l’atelier de mon père, au printems de 1802.

Nous y trouvâmes ses outils de penduliers.

j’etais âgé de 18 ans ½

Nicolas de 16 ans.

jn aimé de 14 ans.

alexis de 12 ans.

Nicolas, qui n’avait été qu’un hiver chez les Blüs, n’était encore qu’au ¼ de son apprentissage.

a cette époque là on parlait de 2 à 3 ans pour apprendre l’état d’horloger en gros, parce qu’il fallait tout faire, absolument tout excepté le Cadran ; le couronement et le timbre.

l’horloger achètait son fer au martinet ; les Roues chez le fondeur, l’acier et le cuivre dans les Boutiques de Morez.


Note de bas de page

  1. ° = naissance, b. = baptême, x = mariage, + = décès, (+) = inhumation ↩︎
  2. Il aurait existé un second cahier, aujourd’hui introuvable, couvrant les années à partir de 1813. ↩︎
  3. Ecrit en marge et perpendiculaire au premier paragraphe : « envoyé une copie avec la procuration ». ↩︎
  4. La date complète manque comme si l’auteur allait revenir plus tard pour combler le vide. ↩︎
  5. La date complète manque. ↩︎
  6. Espace laissé vide par l’auteur. ↩︎
  7. Il n’y a pas de suite, les lignes suivantes étant vides. ↩︎
  8. Renvoi en bas de page : « Les procureurs d’office étaient des notaires chargés de remplir les fonctions du ministère public dans les affaires qui se jugeaient au prieuré de la Mouille. » ↩︎
  9. En marge : « Mariage de mes père et mère 1771. » ↩︎
  10. Un renvoi en marge dit « mort en 1851 ». ↩︎
  11. En marge à la hauteur de ce paragraphe : « 1799. » ↩︎
  12. Les mots soulignés le sont dans le texte. ↩︎
  13. Un renvoi en bas de page dit « Voir ci-après page 41 ». ↩︎

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